Haut potentiel ?
Dernière mise à jour : 13 nov. 2019
Au mois d’avril j’ai pris conscience que je suis concernée par le haut potentiel et j’ai compris ce que cela implique. Cela n’a l’air de rien mais ça a changé énormément de choses dans ma vie, que ce soit sur le plan professionnel, amoureux, relationnel…
C’est un scénario qui semble classique : cette prise de conscience est toujours extrêmement bénéfique, et plus tôt elle arrive dans la vie et mieux c’est. J’en ai d’ailleurs rapidement parler à mon fils de 3 ans 1/2 que je pense également concerné et à mon grand étonnement il semblait content et soulagé !
Depuis, j’aimerais vraiment aider d’autres personnes à accéder à cette prise de conscience, mais ce n’est pas évident, car il y a beaucoup de résistances, je suis bien placée pour le savoir...
Moi-même j’ai toujours évité le sujet, j’ai toujours refusé de m’y intéresser sauf très succinctement pour mon fils. Une amie m’avait dit quelques mois auparavant pendant une soirée : « Je suis en train de lire un livre sur les surdoués et toi, je suis sûre que tu l'es. ». Je me souviens avoir répondu : « Moi ? Mais je ne suis pas surdouée. » Ce à quoi elle avait répondu quelque chose du genre : « Si tu l’es, c’est normal que tu répondes ça apparemment ». Et on avait changé de sujet.
Mais la graine avait été semée dans mon esprit. Et le germe timide me faisait parfois me dire : Oui, peut-être que je l’ai été. Et alors ? Qu’est-ce que ça change ?
Oui, j’ai toujours été plus rapide que les autres pour comprendre. Oui j’ai dû attendre tellement de temps à l’école que les autres comprennent, et aujourd’hui encore j’attends souvent. C’est comme ça, non ? Que peut-on y changer ?
Mais il y a mon fils, qui me pousse à me demander ce qui lui conviendrait le mieux. (Il m’a fallu bien plus longtemps pour me demander comment j’aurais préféré que ce soit pour moi.)
Il m’est apparu évident que confier Lilian à l’Education Nationale à 2 ans 1/2 n’était même pas envisageable. Les questions matérielles ont facilement trouvé une solution, le plus compliqué pour moi était de rassurer l’entourage, à commencer par le papa et les grands-parents.
Il m’apparaissait clair que l’argument du haut potentiel pouvait nous aider.

En demandant un jour à une connaissance psychologue à partir de quel âge on pouvait faire passer le test, elle m’a demandé s’il était hypersensible. Oui, non, peut-être, un peu... Devant mon hésitation face à cette question, elle me demande si moi je le suis.
« Et toi, es-tu hypersensible ? » Quelle étrange question.
Hypersensible, moi ?
Non, ça ne me parle pas, je ne vois pas. Moi je suis normale. Les autres en revanche… Comme ils sont bizarres !
Comment font-ils ? Comment font-ils pour supporter la musique dans les concerts sans avoir mal aux tympans ? Comment font-ils pour supporter le brouhaha des bavardages désorganisés ? Les odeurs des produits chimiques pour le sol ? Des violents parfums dont certains s’aspergent ? L’eau bouillante sous la douche ? La lingerie synthétique tellement inconfortable ? Le maquillage ? L’épilation ? Les aliments sans goût ? Le bruit et les odeurs de la ville ? Le sel de l’océan ? Le soleil brûlant ? Et comment peut-on supporter de faire tuer des centaines d’animaux pour notre simple plaisir ?
Comment les autres peuvent-ils être aussi insensibles ??? Voilà la question que je me pose depuis toujours. Mais je ne m’étais jamais demandée si c’était moi qui étais différente. Et il m’a fallu encore plusieurs mois et un livre pour l’accepter.
Une personne éclairante est alors apparue sur mon chemin à deux reprises, et mon intuition m'indiquait de faire appel à ses services. Lidy accompagne les personnes qui veulent avoir un impact positif sur le monde et un de ses dons est de poser les bonnes questions et d’accueillir les réponses de manière appropriée. Son accompagnement au fil des mois m’a amenée un jour de grande lucidité à prendre conscience que je souhaite travailler avec des enfants à haut potentiel. Là, c’en était trop, il fallait vraiment que je me renseigne sur le sujet ! Une idée-éclair me vient : Jeanne Siaud Facchin, dont j’avais vaguement entendu parler et que j’avais toujours soigneusement évitée. Après une rapide recherche sur les livres qu’elle a écrit, je regarde sur le site internet de la bibliothèque de ma ville s’ils ont son livre sur les enfants précoces. ''Pas de chance'', il n’y a que le livre sur les adultes surdoués. Allez je le réserve, ça ne coûte rien d’y jeter un œil. Le lendemain je commence la lecture, et je prends une claque à chaque page. Ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Chaque page me décrit intimement de manière étonnante. J’ai l’impression de lire le résumé de ma psychanalyse que j’ai réalisée deux ans plus tôt. Je ressens rapidement d’ailleurs une énorme colère envers mon analyste, qui n’y a jamais fait allusion. Pourtant si, à bien y réfléchir, il y en a eu des allusions, des perches tendues, peut-être n’étais-je pas prête à les saisir. Ça me semble évident maintenant, les graines avaient besoin de grandir, et le respect de mon autonomie a été un précieux cadeau. L’analyste pardonné, je peux en faire de même pour mes parents, grâce à un transfert dans les règles de l’art accompagné néanmoins d’une terrible tempête émotionnelle d’un mois.
Je parviens enfin à faire le deuil de ma normalité (dans des circonstances qui méritent l'écriture d'un prochain article) et j'accueille finalement cette différence avec un grand soulagement et beaucoup de joie et d'amour !
Le calme revenu, l’heure est au bilan.
Je prends conscience de besoins spécifiques que j'ai moi aussi et que je mettais en sourdine.
Je suis plus sensible que la moyenne, je ne peux pas le nier.
Cette inversion de point de vue (« je suis sensible », à la place de « les autres sont insensibles »), d’un coup, pour moi, change tout ! Un très vieux jugement sur les autres s’effondrent, une croyance s’efface, et mon amour pour les autres grandit.
Et du même coup, mon amour pour moi aussi. Ne faisons-nous pas qu’un ?