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Le burn-out paternel ou absence à soi chez le père

Dernière mise à jour : 13 nov. 2019

C'est un constat terrible. Je ne compte plus les cas autour de moi d'hommes qui vivent mal leur paternité, et de familles en grand désarroi.

Vous savez, ces papas qui ne parviennent pas à trouver leur place, toujours occupés, absents même quand ils sont là, peu enclins à jouer avec leur enfant. Ces hommes qui une fois devenus papas n'ont jamais été aussi investis dans le travail, aussi entreprenants, et sont désintéressés de la vie familiale, des questions éducatives. Ces papas souvent irritables et excédés à la maison pour la moindre chose, très sensibles à la moindre remarque... Ça vous parle ?

Bien-sûr, c'est le déni, la cause de cette situation ne peut venir que des autres : la maman qui est trop "fusionnelle" avec l'enfant, l'allaitement, le travail qui va mal, l'argent qu'il faut gagner...


Depuis une dizaine d'années, on admet que le burn-out ne se manifeste pas qu'au travail, et qu'une composante essentielle est la dépersonnalisation.

Il y a à présent une réelle reconnaissance de l'épuisement maternel.

Mais on trouve peu de choses sur le burn-out émotionnel qui touche les pères.


Pourtant, toutes ces caractéristiques décrites plus haut ne sont pas sans rappeler ce mal-être, que je préfère d'ailleurs appeler "l'absence à soi" : désinvestissement, démotivation, déni, présentéisme au travail, irritabilité, susceptibilité, perte de joie et d'énergie, perte de sens, diminution des capacités cognitives, de la mémoire...


Le questionnaire d’autoévaluation MBI ( pour Maslach Burn-out Inventory) est un test de référence pour évaluer le degré de burn-out. Je me suis essayée à adapter ce test au contexte familial.


  1. Émotionnellement, je me sens vidé par ma famille.

  2. Je me sens à bout à la fin de ma journée de travail quand je rentre chez moi.

  3. Le weekend, je me sens fatigué lorsque je me lève le matin.

  4. Passer du temps avec mon enfant toute une journée me demande beaucoup d’efforts.

  5. Je sens que je craque à cause de ma famille / de ma femme.

  6. Je me sens frustré par mon rôle de père.

  7. Je sens que ce que je fais n'est jamais assez bien aux yeux de ma femme.

  8. Je me sens au bout du rouleau, vide d’énergie.

  9. Avoir des discussions avec ma femme me stresse trop.

  10. Je sens que je m'intéresse plus aux objets et aux questions matérielles qu'à mon enfant.

  11. Je suis devenu moins sensible à ma femme depuis que je suis père.

  12. Je crains que la paternité ne m’endurcisse émotionnellement.

  13. Je ne me soucie pas vraiment de ce qui arrive à ma femme dans ses difficultés de mère.

  14. J’ai l’impression que ma femme me rend responsable de certains de ses problèmes.

  15. J'ai du mal à comprendre ce que les autres ressentent.

  16. Je n'arrive pas à m'intéresser aux questions qui concernent l'éducation de mon enfant.

Questions inversées :

  1. J’ai l’impression, à travers mon rôle de père, d’avoir une influence positive sur ma famille.

  2. Je me sens moi-même avec ma femme.

  3. Je crée facilement une atmosphère détendue dans ma famille.

  4. Je me sens souvent ragaillardi d'avoir été proche de mon enfant / ma femme.

  5. J’ai accompli beaucoup de choses dont je suis fier en tant que père.

  6. A la maison, les problèmes émotionnels ne m'affectent pas beaucoup.


N'hésitez pas à mettre en commentaire vos remarques sur cette version du test. Cela vous semble-t-il pertinent ? Cela vous rappelle-t-il quelqu'un ? Vous-mêmes ? Votre conjoint ? Personnellement je connais même des femmes qui semblent répondre à tous ces critères.



Et puis, tout comme pour l'épuisement professionnel pour lequel la personne peut trouver un soulagement temporaire en changeant de travail, la solution envisagée est souvent de changer de lieu de vie et de femme. A moins que la maman, ne pouvant plus supporter cette situation, n'ait déjà mis le papa dehors.

Mais le problème intérieur n'est pas résolu. Et l'enfant est évidemment marqué par cette absence paternel (qui d'après certaines études sérieuses engendre souvent des difficultés relationnelles).

Il est permis de croire que les pensées "le rôle des papas c'est de gagner de l'argent au travail", "ce sont les mamans qui s'occupent des enfants" s'ancrent dans l'inconscient de l'enfant, et qu'elles se réactiveront inconsciemment à l'âge adulte... au moment de devenir papa.

Et plus la société encouragera les hommes à être des pères présents et investis, plus la dissonance cognitive sera grande, et la souffrance des jeunes pères aussi, tiraillés entre leurs croyances d'enfance et la nouvelle norme à laquelle ils souhaitent se conformer.


Seul un travail sur soi peut briser cette "transmission", et cette souffrance grandissante. Et le plus tôt est le mieux.


Lors du dernier Congrès virtuel de la douance, j'ai eu la joie de découvrir la psychologue Emmanuelle Delrieu qui m'a semblé avoir une vision très juste du burn-out chez ce qu'elle nomme les "HPI" et qui propose des thérapies familiales et de couple. N'hésitez pas à mettre en commentaires des contacts qui pourraient aider les familles dans ces douloureuses situations.

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